« On ne s’attendait pas à ça : on a très vite été catalogués comme « les petits jeunes qui font de l’informatique » ! » Le constat fait sourire les membres de l’espace de coworking La Forge, à Aurillac. Qui embrayent aussi vite : « Dans les faits, on fait beaucoup d’informatique, c’est vrai. Mais pour beaucoup d’entre nous, c’est un moyen, pas une finalité. Et il n’y a pas que ça », rappelle Benjamin Massart, président de l’association qui gère les lieux. Et de citer les exemples de deux entrepreneurs de passage : l’un loue des ponts, l’autre conseille les expatriés dans leur recherche de travail. Loin, très loin, d’un profil de programmateur informatique.
Partage d’expériencesSept mois après sa création, s’il lui reste encore à peaufiner son image, l’espace de coworking – ou colocation d’entreprises – La Forge fait son trou dans le paysage économique aurillacois. À l’heure d’un premier bilan, sa petite dizaine de membres permanents relève déjà des effets positifs en termes de « partage de compétences, de dynamique et de business, car chercher des clients à plusieurs, c’est mieux ». Exactement ce qu’ils espéraient au début de l’aventure. En revanche, les jeunes entrepreneurs ne s’attendaient pas à s’engager dans « un volet de partage d’expériences vers l’extérieur. Ce n’était pas prévu et ça s’est fait naturellement : chacun avait un savoir à partager et il y avait une demande… »
Ainsi, la Forge a accueilli une dizaine de stagiaires en sept mois et organisé deux ateliers autour de l’utilisation des réseaux sociaux et des sites internet. « Petit à petit, on trouve notre place à Aurillac », considère le vice-président Sébastien Cheyssac. Car l’association, membre du réseau de télécentres Cybercantal, se positionne aussi comme un nouvel interlocuteur. « Tout le monde se cherche un peu en terme de numérique sur les territoires, explique Benjamin Massart. On n’est pas un institutionnel, donc ça nous permet d’avoir une vision différente. Un guichet d’informations sur la création d’entreprises, ça n’existe pas. La CCI ou Auvergne active, par exemple, informent sur leurs dispositifs, mais souvent, ça s’arrête là. Il n’y a pas d’interlocuteur un peu plus neutre. » Rôle que souhaite donc assumer la Forge.
Et les entrepreneurs ne comptent pas s’arrêter là. « On a développé plein d’idées, c’était un peu fouillis, l’objectif est maintenant de mettre de l’ordre pour que le message soit clair », explique Benjamin Massart. Trois projets sont en cours de réflexion. Le premier devrait voir le jour à la rentrée : il s’agit de créer un concours à destination des étudiants aurillacois, en partenariat avec les établissements universitaires. L’objectif est d’encourager les étudiants de formations différentes à constituer des équipes multidisciplinaires (informatique, graphisme, communication…) autour de projets communs. « Il y a une notion d’ouverture d’esprit mais l’idée, c’est de les confronter au monde réel, avec pourquoi pas des parrainages d’entreprises. Et ces projets pourraient débuter sur une création d’activité. »
« Une vision différente »Le deuxième projet consiste en la mise en place d’un incubateur pour accompagner les porteurs de projets à travers la mise à disposition de locaux, le partage de savoir-faire, le conseil… « Aujourd’hui, à la Forge, on a surtout des personnes pour qui l’activité est déjà en cours de développement ; on va essayer d’accueillir davantage de porteurs de projets. L’incubateur, c’est en cohérence avec le concours, puisqu’il existe des dispositifs méconnus, comme « Pépite », qui permettent d’accéder à un statut d’étudiant entrepreneur. » Enfin, à plus long terme, la Forge envisage aussi de créer un pôle d’innovation, un « fablab », autour des objets connectés, un marché « au potentiel considérable et qui permettrait de booster l’activité économique et numérique à Aurillac ».
Arthur Cesbron
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